Née à Kyoto en 1941 dans une famille traditionnelle et cultivée, Setsuko Nagasawa est devenue une artiste « internationale », dont la vie se partage entre le Japon, la France et la Suisse.
Formée à la céramique au Japon, elle ouvre un premier atelier en 1967.
Mais il est très difficile d'être considérée en tant que femme-céramiste au Japon, dans un domaine historiquement dominé par les hommes. Elle s’installe en 1974 un atelier à Aix-en-Provence, entre en 1975 à l’école des Beaux-Arts appliqués de Genève, où elle obtient en 1978 son diplôme en sculpture. C'est une exposition à Genève en 1977 qui va marquer le début de sa carrière artistique en Europe. Elle acquiert à cette époque une grande indépendance d’expression lors de ses collaborations aux États-unis (grâce à une bourse d’étude au Scripps Collège en Californie), auprès du céramiste américain Paul Soldner, et du Français Jean Biagini, précurseurs d'un esprit « Raku » à l'occidental. Elle enseigne de 1977 à 1979 aux Ateliers de Fontblanche (Nîmes), puis à partir de 1985 à l’École des Arts décoratifs de Genève dans le département céramique, prenant la suite de Philippe Lambercy. Elle y a été nommée responsable de la section Design-Objet jusqu’en 2005. Elle installe parallèlement un atelier à Paris. Ses volumes inspirés par la géométrie, (les premiers, apparus en 1994 s'intitulaient Polyèdres), tirent leur force plastique de leurs tensions extrêmes entre arêtes et surfaces, du grain et de la matité particulièrement travaillée de la « peau » de l’œuvre, provoquée souvent par des effets d’enfumage en fin de cuisson (technique japonaise traditionnelle utilisée dans la fabrication des tuiles).
Exécutées ici en terre orange ou en porcelaine, ces pièces subissent deux cuissons successives : la première (autour de 900°C) donne naissance au biscuit solide ; la seconde, en réduction (aux environs de 850°C), conduit la fumée dégagée par la combustion à pénétrer et à colorer partiellement le tesson. La déformation de l’argile au cours de la cuisson tend à éloigner ces œuvres de la géométrie pure, révélant ainsi les contractions de la matière. Ce travail basé sur l’énergie première du matériau se poursuit également avec le métal et le verre, sur des formes utilitaires comme pour des installations. Elle a, tout au long de son parcours, réalisé plusieurs projets architecturaux, jardins et fontaines, en Suisse et en France. Setsuko Nagasawa a participé à plusieurs expositions au musée de Sèvres depuis les année 2000, parmi lesquelles Circuit Céramique (2010), Ceramix, de Rodin à Schûtte (2016) et L'expérience de la Couleur (2018).