Le portrait d’une Impératrice amateure de porcelaine par la première peintre de Sèvres
Formée chez Dihl et Guerhard, manufacture parisienne, Marie-Victoire Jaquotot rejoint Sèvres dès 1800. Elle y travaillera jusqu'en 1846 où elle est agréée «peintre de figures», c'est-à-dire au rang le plus élevé des genres (habituellement les quelques femmes de la Manufacture sont peintres de fleurs). Dès 1801 elle réalise le portrait de Joséphine de Beauharnais puis un nouveau portrait en 1809-1810 sur cette tasse à chocolat de forme Jasmin. À l'instar d'un cabaret des princesses de la famille impériale, cette tasse témoigne de la propagande napoléonienne mise en place dès 1800 jusque dans les appartements privés.
La tasse est en effet ornée d'un portrait repris d'après le tableau officiel de Baron Gérard la représentant couronnée, en costume de sacre. Le fond de la tasse est richement décoré, plein or. Les lettres du prénom de l'impératrice, bruni à l'effet, encadrent le cartel tandis qu'une lyre brossée rappelle les motifs des tentures du salon jaune aménagé pour elle en 1809 à Fontainebleau.
L’impératrice Joséphine aimait la porcelaine : elle patronnait la manufacture parisienne de Dagoty, collectionnait des œuvres de Berlin ou de Sèvres, telle une partie du service de la Laiterie de Rambouillet et commandait à Sèvres des pièces remarquables comme le service à thé dit « cabaret égyptien » en 1808.
Terminée en 1810, quelques mois après le divorce de Joséphine et de Napoléon, la tasse ne quitta jamais Sèvres et fut transférée dans les collections du musée en 1836.