Le 19e siècle est le siècle de l'Histoire
À la recherche d'une identité et de repères mis à mal par la Révolution et la Terreur de 1793, l'expression artistique du début du 19e siècle incarne les passions qui le parcourent.
Comme les beaux-arts, les arts décoratifs explorent et réinventent, « à la manière de », les oeuvres issues d'un passé idéalisé. Pour Alexandre Brongniart, la Manufacture se « devait de choisir dans tous les temps et dans toutes les nations ce qu'il y avait de mieux ». Depuis son arrivée en 1800, la production puise dans les répertoires de formes de l'Antiquité, de la période médiévale gothique, puis autour des années 1830, dans celui de la Renaissance.
Comme Aimé Chenavard (1798-1838), Alexandre-Évariste Fragonard (1780-1850) s'inspire en 1835 des ornements exécutés en stuc sous le roi François Ier (1515-1547), dans la galerie du Château de Fontainebleau, pour créer ce vase au modelé puissant. Contrairement au premier vase Renaissance réalisé à Sèvres par Chenavard en 1832 (conservé au musée de Fontainebleau), les reliefs réalisés par Hyacinthe Régnier (1803-1870) sont recouverts d'or ou majoritairement laissés en biscuit, sans émail ni polychromie, sans doute pour répondre aux critiques qui reprochaient au vase de Chenavard de cacher sous la peinture le blanc immaculé de la porcelaine.
Enfants, masques, sphinges ailées, serpents, guirlandes de fruits et de fleurs, les motifs sculptés envahissent la surface. L'iconographie célèbre une des spécialités céramiques de Sèvres, la création de vases : sur chacune des faces est représentée une femme modelant des formes. Sur le col, deux anges s'apprêtent à la coiffer d'une couronne de lauriers, glorifiant ainsi l'expression de son art.