Le jardin galant

Johan Creten, Manufacture de Sèvres, Croquis : Odore di femmina, 2004

Albert Pierre René Maignan, Manufacture de Sèvres, Eléments décoratifs pour une jardinière, projet de décor, 1913

Albert Pierre René Maignan, Manufacture de Sèvres, Eléments décoratifs pour une jardinière, projet de décor, 1913

Manufacture de Vincennes, Le flûteur, terre cuite, vers 1752

Manufacture de Sèvres, La feuille à l'envers, porcelaine tendre, après 1760

Le sens du terme galant a évolué depuis son apparition au 14e siècle, pour désigner dès le 17e siècle les hommes courtisant la gente féminine. Le mot est dès lors associé à l’univers amoureux, riche de représentations gracieuses, élégantes, sensuelles voire érotiques. Si elles sont souvent associées au 18e siècle, les thématiques galantes perdurent jusqu’à nos jours.

Cette imagerie trouve dans les environnements champêtres un cadre approprié aux scènes amoureuses et charmantes. Dans un jardin, dans une nature plus ou moins maîtrisée, des couples se rencontrent et échangent pour créer des compositions galantes.

Aux côtés de Jean Antoine Watteau (1684-1721), représentant majeur des fêtes galantes, le peintre du roi François Boucher (1703-1770) a su développer une riche iconographie associant des couples de jeunes gens, avec une subtile note érotique. Ses modèles dessinés étaient transcrits par le biais de l’estampe et ont connu une vaste diffusion dans les arts décoratifs (céramique, orfèvrerie, tapisserie, papier peint, etc.).  Les sculpteurs et peintres de la manufacture de Vincennes/Sèvres ont ainsi été parmi les interprètes majeurs de ces compositions emblématiques du 18e siècle.

Cette thématique perdure bien au-delà du Siècle des Lumières comme en témoigne l’œuvre de Johan Creten, Odore di Femmina, dont les liens avec le 18e siècle sont multiples. Le titre de l’œuvre est ainsi tiré d’une réplique de l’opéra Don Giovanni de Mozart, où le protagoniste reconnaît la présence d’une femme d’abord à son odeur. De plus, la technique du pastillage utilisée pour la réalisation du décor en relief est née à Vincennes dans les années 1740. Elle consiste dans le travail d’une boule (appelée pastille) de porcelaine, sculptée à la main pour former des pétales qui sont ensuite rassemblés pour créer des fleurs ou tout autre décor. Il recouvre ici la totalité du torse féminin ainsi transformé. La filiation avec la sculpture du 18e siècle est également très vive dans le recours au biscuit de porcelaine, la pâte étant laissée non émaillée et mate, technique née au début des années 1750 à Vincennes.

Du 18e siècle à nos jours, l’univers végétal du jardin est ainsi un environnement privilégié pour représenter des univers licencieux et sensuels, voire amoureux.