L’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels organisée à Paris en 1925 marque l’apogée de la conception de nouveaux jardins. Ces jardins participent aux réflexions sur la notion d’art décoratif qui se développe en Europe depuis la fin du 19e siècle, notamment avec le mouvement Arts & Crafts en Angleterre, le Deutscher Werkbund en Allemagne, la Wiener Werkstätte en Autriche, ou encore l’Art Déco en France. La frontière qui existe entre les architectes, les décorateurs et les paysagistes est alors abolie.
Les parterres deviennent des réalisations architecturées et artificielles dessinés par des ensembliers, capables de concevoir en harmonie tous les éléments décoratifs d'une demeure, extérieurs compris.
Certains jardins de l’Exposition de 1925 ne sont ainsi constitués que de pierre, comme la Cour des Métiers de Charles Plumet ou le Jardin aux arbres en béton de Robert Mallet-Stevens.
La manufacture de Sèvres s'inscrit dans ce courant de jardins géométriques ou abotaniques. Elle fait appel à Henri Rapin (1873-1939), peintre, illustrateur et décorateur, conseiller artistique à Sèvres de 1920 à 1934, et à l'architecte Pierre Patout (1879-1965) pour concevoir sur l'esplanade des Invalides un double pavillon pour la Manufacture autour d'un jardin recouvert d'un tapis de céramiques.
Huit vases monumentaux en grès cérame enserrent cet espace composé de quatre bassins d'eau aux margelles en porcelaine siliceuse turquoise, ponctués d'animaux en grès cérame ou de poissons lumineux dans leurs fonds. Cette synergie entre architecture, jardins et arts décoratifs fait sensation et constitue l’un des points d’orgue de l'exposition.
Ces jardins architecturés entrent également dans les intérieurs. En 1926-1927 Raoul Dufy, Joseph Artigas et l'architecte Nicolau Mario Rubio imaginent de petits jardins d'appartement en faïence, que Sèvres projettera de rééditer en porcelaine en 1964 (finalement non réalisés, à l'exception du prototype présenté).
Les lampes fleuries de Rapin, le décor tropical du fumoir de l'Exposition internationale des Arts et des Techniques appliqués à la Vie moderne de 1937 ou les roses en biscuit de 2006, héritage séculaire des fleurs pastillées depuis le 18e en porcelaine, montrent que la céramique est une formidable alternative au végétal. Elle offre au jardin une forme d’immortalité tout en préservant sa poésie.