Le jardin organique

Vase des Pommerets, Forme conçue par l’École Guérin, Décor de Henri Barbéris, Manufacture de Sèvres, vers 1900

Gabrielle Rault, Manufacture de Sèvres, Vase d'Achères, projet de décor, 1899

Vase des Pommerets, Forme conçue par l’École Guérin, Décor d’Eugénie Bethmont, Manufacture de Sèvres, 1902-1903

Léon François Richard, Manufacture de Sèvres, Vase de Milly, Projet de décor, 1905

Léonard Gébleux, Manufacture de Sèvres, Vase de Blois, projet de décor, 1916

Léonard Gébleux, Manufacture de Sèvres, Vase d'automne, projet de décor, 1900

Directeur des travaux d’art à la Manufacture de 1897 à 1916, Alexandre Sandier redynamise les sources d’inspiration et le répertoire décoratif de Sèvres en vue de l’Exposition universelle de 1900. Pour cela, il met en place un nouveau style à partir du décor végétal : c’est ainsi que l’Art nouveau  apparaît à la Manufacture.
 
Auteur d’un ouvrage sur les formes de vases, il crée des modèles inédits aidé par une équipe renouvelée, plus ouverte sur le monde contemporain et les arts décoratifs de façon générale. Depuis le 18e siècle, les femmes décoratrices ont toujours été bien représentées parmi le personnel de la Manufacture mais il faut noter, durant cette période, la polyvalence de certaines artistes comme Mesdames Bogureau et Bethmont, Gabrielle Rault, les sœurs Marthe et Juliette Vesque, qui initient de nouvelles formes mais aussi de nouveaux décors.

L’introduction de l’Art nouveau à la Manufacture permet de réinterpréter les formes et le décor floral pour donner à Sèvres un nouvel éclat. Sandier exploite la technique du coulage sous vide mise au point dans les années 1860 et une nouvelle pâte de porcelaine créée en 1884 pour réaliser des pièces de grand format en un seul morceau, avec des formes empruntées à la nature.
Ainsi, le vase des Pommerets reprend une forme végétale naturelle mais interprétée. À partir de ce modèle, les décorateurs vont créer des compositions en pratiquant le décor en relief ou en peignant des fleurs naturalistes mais stylisées qui se déroulent sur tout le pourtour du vase.

La production se détache ainsi du modèle antique, des cartels et des bouquets classiques. Les appellations témoignent d’un attachement régionaliste tout personnel. Sandier leur donne en effet le nom de petites villes d’Île-de-France, de sa Bourgogne natale et des étapes menant de celle-ci à Paris. Les vases de Mennecy, d’Achères, de Milly, de Brévannes, de Champigny, présentés ici, témoignent de ce renouveau.

L’Exposition universelle de 1900 est un succès pour Sèvres qui pour la première fois depuis longtemps ne présente que des nouvelles créations, sans aucune reprise de pièces anciennes. C’est une affirmation de la rupture avec le passé et du changement stylistique voulu par Sandier qui triomphe à cette occasion.