Cabinet Doshi Levien

Avec la création du cabinet des designers Nipa Doshi et Jonathan Levien, Sèvres réinvestit le champ du mobilier peu exploité ces dernières décennies.

C’est vers 1770 que le marchand-mercier Simon Philippe Poirier semble mesurer le premier le potentiel décoratif des plaques de porcelaine aux couleurs éclatantes et inaltérables avec l’idée de les encastrer dans des meubles. À partir des années 1780, ces plaques et plaquettes de toutes tailles deviennent de plus en plus populaires. Sous l’Empire, quelques rares meubles voient le jour à Sèvres. En 1810, avec la création de l'atelier de montage-ciselure, la production de mobilier est facilitée et se développe et de nombreux guéridons aux formes simples se multiplient à partir de 1820.

Cabinet Doshi Levien - (c) Sèvres - Manufacture et Musée

Dessin technique - Nipa Doshi et Jonathan Levien - (c) Sèvres - Manufacture et Musée

Dessin technique - Nipa Doshi et Jonathan Levien - (c) Sèvres - Manufacture et Musée

Éléments du cabinet avant émaillage - (c) Sèvres - Manufacture et Musée

Cabinet Doshi Levien - Polissage et montage - (c) Sèvres - Manufacture et Musée

Salon du PAD Londres 2017 - (c) Philippe Fragnière

Cabinet Doshi Levien - (c) Manufacture et Musée

La production de meubles d'exception semble s'être sensiblement ralentie après le décès d'Alexandre Brongniart en 1847 et reste exceptionnelle dans les années 1900. On ne trouve ensuite aucune mention de meubles sur les registres d'entrée entre 1920 et les années 1950, à l'exception de quelques plaques. Les projets autour du mobilier réapparaissent de 1960 à 2000 avec des œuvres comme le bar autruche de François Xavier Lalanne, le Cabinet et la boite aux lettres imaginés par Nathalie Du Pasquier ou « La Bocca » de Bertrand Lavier.

Nipa Doshi et Jonathan Levien ont imaginé ce cabinet comme une architecture, offrant une symbiose parfaite entre la forme et la surface colorée. Les designers y présentent aussi un panel des possibles en matière d’effets de textures et de couleurs propres à Sèvres. Les portes sont ainsi habillées de plusieurs plaques ou formes en porcelaine, découpées, ajourées, texturées, colorées et superposées créant des effets de reliefs et de plans.

À partir du dessin d’intention et des plans des designers, les ateliers ont pu commencer leurs travaux de recherche et de conception et fabriquer l’ensemble des formes et des plaques par coulage.

Un important travail de retouche a été nécessaire sur tous les éléments pour redessiner, inciser et marquer les lignes géométriques et rigoureuses. Une attention particulière a été portée aux cuissons toujours complexes pour des formes planes et tendues.

Les ateliers de décoration ont ensuite coloré ou doré les éléments grâce à la palette de couleurs de grand feu et à de l’or pur 24 carats en jouant avec des effets dégradés, mats, légèrement granulés, satinés ou brillants.

Avant d’assembler entre elles les différentes parties constituant les portes, les plaques ont été découpées avec la technique du jet d’eau puis réajustées par polissage pour se joindre précisément.

La structure en bois a été confiée à l’atelier Helbeque et l’atelier de montage ciselure a terminé l’assemblage en fixant l’ensemble des éléments sur les portes du cabinet.