Né à Asilah (Maroc)
Pièce maîtresse de l’édifice pictural marocain, Mohammed Melehi est un pionnier, une référence «historique» et théorique incontournable. Il découvre très jeune la culture occidentale, latine dans ses versions espagnole et italienne, puis nord-américaine. Marqué ensuite par les traditions orientales, le zen essentiellement mais aussi par la sobriété et le dépouillement de l’esthétique almohade, Melehi entame une longue et mûre réflexion sur le destin de l’héritage culturel marocain dans une ère moderne dominée par la technique. Pas étonnant si sa peinture se présente toujours sous un visage familier, reconnaissable entre mille. Sa construction, ses tonalités, sa facture sont dotées d’une singularité rarement égalée.
Né en 1936 à Asilah, Mohammed Melehi entre à l’Ecole des Beaux-arts de Tétouan en 1953. Il part à Séville, puis à Madrid en 1955. Son parcours iniatique se poursuit en Italie, en France et enfin à New York en 1962. De retour au Maroc, il enseigne dès 1964 la peinture, la sculpture et la photographie à l’Ecole des Beaux-arts de Casablanca. En 1965 Melehi collabore avec Abdellatif Laâbi et Mustapha Nissaboury à la création de la revue Souffles. Il fonde et dirige en 1971 la revue artistique et littéraire Intégral. En 1974 il est co-fondateur et directeur de Shoof, maison d’édition et de productions cinématographiques.
Avec Mohamed Benaïssa, il est co-fondateur, et vice président de l’association culturelle AL Mohit et du Moussem culturel international d’Asilah en 1978.
Melehi a été directeur des arts au ministère de la Culture de 1984 à 1992. Il vit et travaille à Marrakech et Asilah.
Pour comprendre la peinture de Melehi, il faut interroger les affinités et les correspondances entre l’art moderne occidental et l’art africain, dont l’art populaire marocain est une des expressions. Cette tradition de peinture, tout comme certains signes et symboles de tapis et de bijoux paysans, encourageaient Melehi à poursuivre son propre chemin. L’onde, la flamme, les rayons, les astres et les autres formes qu’il avait élaborées dans sa propre peinture étaient des archétypes. Une plascticité jamais épuisée.
Melehi s’inscrit dans un double mouvement de ressourcement et de modernité.
Dans son périple initiatique qui le mène de l’Europe aux Etats-Unis, il affirme se sentir plus proche de l’Amérique par la recherche de l’identité et l’absence de complexe vis-à-vis de l’art européen. Melehi dit être passé par toutes sortes d’expériences : Action Painting, peinture organique, peinture spatiale, dripping, collage, toutes les possibilités de graphisme et d’incision sur la surface, toutes les techniques. Il entreprend, notamment avec les carreaux, le motif de l’onde. Ce langage nouveau va accompagner l’œuvre de Melehi et lui donner sa marque de fabrique.
« Mon oeuvre fut influencée par des thématiques reflétant, de manière symbolique, les différentes situations socio-culturelles de l’époque [les années 1960]. Pourtant, je réalise aujourd’hui que mes préoccupations d’il y a trente deux ans sont toujours les mêmes. Et voilà que j’expose de nouveau à Bab Rouah, des oeuvres exécutées entre 1983 et 1997, et qui expriment toujours les mêmes hantises, les mêmes obsessions formelles et intellectuelles qui m’habitèrent durant trois décennies, mais qui s’incarnèrent à chaque fois dans de nouvelles formules plastiques. »
(Mohammed Melehi)