Atelier Peinture

Les décors sur céramique ont de tout temps valorisé les formes. Dès son ouverture à Vincennes en 1740, la Manufacture a déjà un atelier de peintres.

Les décors sur céramique ont de tout temps valorisé les formes, et dès son ouverture à Vincennes en 1740, Sèvres a déjà un atelier de peintres.

Les outils principaux du peintre sont le pinceau, et les couleurs. La qualité des décors dépend autant de la dextérité du peintre que de la qualité du matériel et des couleurs qu’il a à sa disposition. Les couleurs utilisées à Sèvres sont fabriquées au laboratoire, constituées d’oxydes métalliques associés à des fondants qui permettent l’adhérence aux supports selon les températures de cuisson prédéfinies.

Agnès Déru, cheffe de travaux d’art et responsable de l’atelier de peinture répond à nos questions :

Quels décors réalise-t-on à la Cité de la céramique ?

On distingue deux familles d’intervention de peinture: la restitution des styles du passé dans le cas de la réédition de pièces 18e, 19e, 20e, et l’assistance technique que nous sommes amenés à offrir aux artistes contemporains.

Suivant les demandes, les décors réalisés font appel à des registres techniques très différents, petit feu et grand feu, styles, couleurs et métaux précieux. Le peintre maîtrise de nombreuses techniques de décors qu’il peut poser sur de multiples supports : pâte crue, dégourdie, biscuitée ou émaillée, et qui cuisent à différentes températures 1360°, 1280°, 1000°, 900°, 800°.  Les recherches, la mise en place des décors et la réalisation sont parfois très complexes, les temps d’intervention sont souvent longs et le travail minutieux.

 Agnès, comment réalise-t-on un décor sur porcelaine ?

D’après un original du musée, des photos en haute définition ou des planches,  le peintre visualise le décor à faire. Il accorde beaucoup de vigilance à l’adaptation du décor sur la pièce, petits et grands ajustements sont nécessaires. Vient ensuite la réalisation d’un poncif, technique chère aussi aux brodeuses, qui consiste à reporter au crayon le décor sur un papier et à remplacer ses traits de crayon par des traits de trous d’aiguille. Le papier est ensuite positionné précisément sur la pièce et frotté au fusain, on obtient ainsi une localisation du motif en pointillés de fusain.

C’est à partir de cette trame schématique que la peinture peut commencer. A la poudre de couleur est ajouté un medium, térébenthine en petit feu et liant aqueux en grand feu, le dosage est des plus subtils. Le style 18e valorise la fraîcheur de touche, les lumières et les ombres sont construites par le repoussé de la couleur par l’appui du pinceau, tandis que le 19ème requiert une plus grande précision de dessin et se caractérise par la superposition de glacis, le grand feu lui privilégie les matières.

 Les décors cuisent donc à différentes températures et parfois plusieurs fois ?

 Les décors de grand feu cuisent à la même température que le corps de la pièce, c’est la définition même du grand feu. En général on obtient le décor en une seule cuisson, à 1280°, 1360° ou 1380°

Par contre les décors de petit feu nécessitent plusieurs cuissons car les couleurs ont la particularité de s’atténuer lors de la cuisson, donc la technique contraint à faire ce qu’on appelle une « repique », c’est à dire à rehausser les couleurs après chaque cuisson, ce jusqu’à deux fois. Les températures de cuisson sont adaptées aux différentes pâtes, 900° maximum pour les pâtes dures, 800° pour la pâte tendre.

 Quelle place ont les outils ?

Le choix des pinceaux est essentiel, poils fermes de martre, poils souples d’écureuil, les formes sont vastes aussi, du pinceau effilé, au lavis, au pinceau filet, plat... Les choix sont en fonctions des styles, du résultat attendu, et un peu personnels aussi.  L’utilisation d’autres outils est courante, il s’agit de mousses de putoisage, pistolet d’insufflation, plume, outils fait maison.... En fait, le panel des outils continue d’évoluer en fonction des demandes.

 

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Kristin McKirdy, Bone

© Sèvres – Cité de la céramique