Le tournage s’exécute sur un tour aujourd’hui électrique avec de la porcelaine sous forme plastique. Cette pâte est sensible et restitue à la cuisson les gestes imprimés par le tourneur. Cette particularité nécessite la réalisation des pièces en deux étapes : l’ébauchage et le tournassage.
Vincent Lallier chef de travaux d’art et tourneur répond à nos questions :
Vincent, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces deux étapes ?
Vincent : Tout le long de son travail le tourneur se réfère à un dessin d’épure de la pièce à réaliser. L’ébauchage consiste à façonner des formes aux parois épaisses, mais précises en diamètre et en hauteur. L’ébauche est réalisée sur le tour en rotation, à partir d’une balle de pâte de porcelaine plastique. Elle est centrée puis dressée plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement homogène. Son profil intérieur est rigoureux grâce au passage final d’une forme appelée, estèque.
Après séchage des ébauches, vient l’étape du tournassage. Celle-ci consiste à dégrossir, toujours sur le tour et à l’aide d’outils affûtés, les parois des ébauches selon les mesures du dessin d’épure. Les formes sont finies à l’aide de fins profils en métal ajustés. Les pièces finies sont rigoureusement identiques.
A l’issue de ces deux phases, certaines pièces peuvent cuire directement. D’autres doivent recevoir des anses, becs ou prises posés ensuite à l’atelier du garnissage découpage.
La porcelaine est-elle facile à travailler ?
Vincent : La porcelaine a une « mémoire », elle garde en effet la trace de toutes nos interventions et les restitue après cuisson. Il faut donc bien la préparer pour le rendre homogène et rester vigilant lors de l’ébauchage en évitant les gestes brusques ou trop marqués. Sèche, la porcelaine est extrêmement fragile et cassante, il faut donc être constamment attentif. C’est un métier qui exige rigueur, dextérité, patience et passion.
Quelle est la part de la création contemporaine dans votre métier ?
Nous collaborons régulièrement avec de nombreux artistes, designers ou céramistes contemporains, leurs projets font toujours l’objet d’une étude précise et la plupart entrent en production jusqu’à leur commercialisation par la Manufacture. Aujourd’hui nous produisons autant d’œuvres contemporaines que de pièces de réédition des 18e, 19e et 20e siècles.