Entre importation et imitation, la mode des chinoiseries traverse tout le 18e siècle.
Composé d'un vase qui imite les motifs kakiemon et présente sur un tertre trois petites figures de Chinois dans des attitudes variées, ce pot couvert, daté des années 1745-1750, correspond à la fin de la mode kakiemon à Chantilly.
La manufacture de Chantilly fut créée en 1725 à la demande du Duc de Bourbon-Condé. Il fait appel au dessinateur Jean-Antoine Fraisse afin de réaliser un album de motifs orientaux, source d'inspiration des peintres. Dans son album aquarellé, le dessinateur reprend principalement des motifs kakiemon, d'origine japonaise. Le terme kakiemon désigne un type de porcelaine très recherché en Occident et nommées d'après le céramiste d’Arita, Sakaida Kakiemon (1596-1666) à l’origine des premières porcelaines japonaises émaillées. Ces porcelaines sont caractérisées par de délicats motifs asymétriques dans des tons rouges orangés répartis avec équilibre sur les pièces et mettant en valeur la blancheur de la porcelaine.
Les porcelaines orientales étaient très recherchées pendant que les céramistes européens tentaient de percer le mystère de leur fabrication. En France, une pâte cherchant à imiter le plus fidèlement l'effet de la porcelaine chinoise et japonaise est mise au point au 18e siècle. Il s'agit de la porcelaine tendre, dont l'un des principaux centres de production fut la manufacture de Chantilly. La fabrication de la véritable porcelaine, dite dure, ne commence en France qu’après 1768, avec la découverte du gisement de kaolin de Saint-Yrieix-la-Perche près de Limoges .