Apparue au 8e siècle à Bagdad, à la cour des califes abbassides, la faïence est une terre cuite recouverte d’une glaçure blanche, rendue opaque grâce à de l’oxyde d’étain : la faïence stannifère.
Produit luxueux, la faïence s’adresse dès l’origine à une clientèle aisée. Ce nouveau type de céramique, diffusé avec succès dans l’ensemble du bassin méditerranéen, sera le matériau céramique de prédilection en Europe jusqu’au 18e siècle. Au début du 19e siècle, cette céramique de luxe perdra la première place face à la concurrence conjuguée de la faïence fine et de la porcelaine.
Avec le 17e siècle débute en Europe, ce que l’on appelle « l’âge d’or » de la faïence européenne. La politique expansionniste et commerciale des marchands hollandais et les guerres menées par Louis XIV favorisent le développement de nombreux centres de production en France et en Europe. La collection du musée de Sèvres en illustre la très grande diversité.
La faïence européenne du 17e siècle utilise une palette de grand feu, comprenant les cinq couleurs issues d’oxydes métalliques capables de résister à une température de cuisson de 900 à 1000°C.
Les décors inspirés par la Chine, les gravures de la Renaissance et les recueils d'ornements comme ceux de Jean Bérain (1640-1711) font également appel à la mythologie de façon souvent spectaculaire et avec une grande fantaisie dans le répertoire des formes.
Adoptée dès la fin du 17e siècle en Allemagne comme à Delft, la technique nouvelle du petit feu offre toutes les possibilités : celle de copier la nature et la peinture contemporaine en utilisant des nuances et des dégradés de couleur, celle d’imiter la porcelaine, en utilisant de l’or. Les couleurs, désormais fixées lors d'une seconde cuisson à une température beaucoup plus basse (de 600 à 700 °C), conservent leur éclat et sont traitées de manière nuancée. Cette nouvelle technique fut utilisée en France à partir de 1745, à Strasbourg dans la manufacture Hannong, puis dans les manufactures de Marseille vers 1750.