L'histoire des manufactures de Rouen se déroule sur près de trois cents ans, du 16e au début du 19e siècle.
Durant cette période, la faïence de Rouen s'imposa comme une production magistrale : inventive et de grande qualité. Volontiers austère, aristocratique dans ses formes comme dans ses décors, elle sut aussi se montrer légère, colorée et pleine de fantaisie. L'implacable mécanique des décors rayonnants laisse parfois dans l'ombre l'exubérance des chinoiseries ou la liberté de ses ornements « rocaille », notamment son célèbre décor à la corne. Les fabricants rouennais surent offrir en faïence, des produits variés à une clientèle exigeante. Des objets de toilette ou de table, une platerie abondante, des sculptures, des œuvres décoratives : Rouen fabriqua de tout et fut beaucoup copié. Signe indéniable de son succès, on l'imita à Paris, Saint-Cloud, à Sinceny comme à Marseille, Moustiers, Lille, Quimper ou Strasbourg et même en Allemagne.
Relancée au milieu des années 1640 par la volonté d'un aristocrate, la production de faïence blanche stannifère, d'abord essentiellement décorée en bleu et jaune puis en camaïeu bleu est due à la famille Poterat, dont le fils Louis, obtiendra le privilège en 1673, de fabriquer de la porcelaine (tendre).
Héritier des pichets d'orfèvrerie, les godrons en relief du col et de la partie inférieure de la panse en attestent, ce pichet en faïence combine plusieurs types de décors et d'inspirations. La forme d'oiseau, de coq plus précisément, ressort d'une inspiration populaire tandis que les motifs chinois de la panse sont empruntés à la porcelaine chinoise. Ces motifs furent diffusés à Rouen dans le dernier tiers du 17e siècle, par l'intermédiaire d'ouvriers venus de Nevers et de Delft. Les armoieries enfin sont la marque d'une commande aristocratique et font de ce pichet original, une œuvre ostentatoire.