La collection de vases « étrusques » du baron Dominique-Vivant Denon est la plus ancienne conservée dans les collections nationales. Elle a été acquise par Louis XVI en 1786 et a toujours été conservée à la Manufacture de Sèvres.
Les centaines de vases rapportés d'Italie devaient inspirer un goût « étrusque » aux artisans de la Manufacture. En effet, ces vases passaient pour « étrusques » car ils ont d'abord été découverts dans des tombes en Étrurie, mais en réalité, ils sont principalement l'oeuvre de potiers grecs travaillant à Corinthe, à Athènes ou installés en Italie.
De 700 à 540 av. J. C., la ville de Corinthe domine le marché de la céramique et exporte massivement ses vases décorés de figures noires dans l'ensemble du bassin méditerranéen. À partir de 635 av. J. C., la ville d'Athènes la supplante et exporte à son tour des vases contenant des huiles parfumées et de la vaisselle destinée au banquet, donc à la consommation du vin : des coupes, des cruches ou encore des cratères pour mélanger le vin avec de l'eau et des aromates.
En témoigne cette cruche, sans doute découverte dans une tombe en Italie, mais réalisée à Athènes, sur laquelle est évoqué le char de Dionysos, le dieu du vin, précédé par un satyre, être mi-homme mi-bouc, à la tête du cortège des joyeux buveurs.
Si ce décor est fréquent sur ce type de vase, cette cruche est néanmoins iconique car elle a donné son nom à celui qui l'a réalisée: le Peintre de Sèvres 100, dont on retrouve la main sur des vases conservés dans les musées du monde entier.