Le vase Soulages est une œuvre-phare parmi les créations contemporaines à Sèvres.
Réalisé en 2000 pour la Présidence de la République française, un premier exemplaire est devenu le trophée d'un Grand Prix de Sumo au Japon, remis à Tokyo par le Président Jacques Chirac.
Après avoir exposé le prototype du vase au Japon, en Espagne, en Grande-Bretagne et en Corée, devant le succès public rencontré, la Manufacture de Sèvres a décidé en 2008, en accord avec l’artiste, de produire cette œuvre à dix exemplaires. L'édition est aujourd'hui épuisée.
Le vase Soulages a reçu l'année suivante, en 2009, le Prix du plus bel objet du Pavillon des Arts et du Design (PAD) à Paris.
Unique intervention dans le champ de la céramique du grand peintre français Pierre Soulages, dont la reconnaissance est aujourd'hui internationale, ce vase est pour autant très représentatif de sa démarche artistique, toute entière consacrée à exalter le dialogue de l'ombre et de la lumière par l'usage du noir. Sa peinture est abstraite, gestuelle, pratiquement monochrome, dans une approche très personnelle du traitement de la surface, de la matière et d'une vibration de la couche picturale. Le vase qu'il a conçu à Sèvres est une urne monumentale, tout à la fois réceptacle et offrande à la lumière, conçue tel un espace architectural favorisant le recueillement mystique.
L'artiste a abordé la matière porcelaine en réinterprétant une forme classique du répertoire de la manufacture, un vase Gensoli n°11, des années 30. La surface extérieure a été modifiée, striée de haut en bas, puis teintée en gradation de noir sur un fond gris clair. Le laboratoire de Sèvres a fabriqué, conformément au désir du peintre, un émail noir d'un effet semi-mat très intense. La surface intérieure du vase a été recouverte avec 400 grammes d'or pur 24 carats, visible seulement par un large oculus découpé dans la paroi. La forme refermée en partie supérieure par un demi-couvercle ménage une ouverture pour un rai de lumière, qui « embrase » littéralement l'or en son coeur.