Le prototype de ce gobelet est créé à la toute jeune Manufacture de Vincennes en 1752, avant même qu'elle ne s'implante à Sèvres en 1756.
En 1759, cette tasse prend ses proportions définitives ; la taille du gobelet est agrandie, une soucoupe à gaine y est ajoutée et son décor adapté. Déjà adopté par Madame de Pompadour, c’est Madame du Barry qui lance véritablement son utilisation pour déguster le thé ou le chocolat. Dès lors, le gobelet enfoncé connaît un succès incroyable. Vendu à la pièce ou par paire, les cours royales le commandent, Louis XVI en acquièrent pas moins de 50.
Fort de ce succès, ce gobelet et sa soucoupe sont copiés par les manufactures de Berlin et Derby, dans les années 1770, ainsi qu’à la fabrique du duc d’Orléans, vers 1790, plus tardivement à la fabrique de majolique de Castelli, puis bientôt par l’atelier de Samson. La collection André Delombre conservée dans les collections nationales de la Cité de la céramique à Sèvres, réunit une série exceptionnelle de trembleuses aux décors très variés.
La partie inférieure de ce gobelet, dit Tasse à la Reine, se loge dans une soucoupe dont le fond est creusé d'une cavité de plusieurs centimètres. L'anse est composé de deux tiges croisées attachées au corps de la pièce par l'atelier de moulage-reparage. Le décor réalisé par Micaud père en 1765, présente des motifs de passementeries inspirés des soieries lyonnaises du XVIIIe siècle. Il témoigne du goût des dames de la cour pour la mode, les toilettes richement ornées et les belles étoffes venues de France ou d'Angleterre. Chaque couleur de petit feu est peinte à la main. L'ensemble est rehaussé d'or 24 carats posé en épaisseur et sans tournette de manière à conserver des « irrégularités mesurées ». Des recherches ont été nécessaires au XXe siècle pour retrouver les couleurs et les harmonies des pièces originales.