Allégorie d’une amitié royale
Vers 1752, Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764) cesse d'être la maîtresse officielle du roi, position qu'elle occupe depuis 1745.
Cependant, loin de la disgrâce, elle reste à la Cour et devient une réelle amie et conseillère pour Louis XV. Femme intelligente et respectueuse des usages, elle affirme son nouveau statut à travers les arts, qu'elle soutient en mécène éclairé. Elle commande ainsi au sculpteur Jean-Baptiste Pigalle une Madame de Pompadour en Amitié (Paris, musée du Louvre, inv. RF3026), véritable manifeste de son nouvel état.
Cliente fidèle et enthousiaste de la Manufacture, elle commande en 1755 à Étienne-Maurice Falconet une autre version de son effigie travestie en allégorie de l'Amitié, à faire éditer en biscuit. Il s'agit du premier modèle que Falconet réalise pour Sèvres.
Le modèle pour le biscuit de Madame de Pompadour en amitié serait un dessin de François Boucher, L'Offrande sincère (non localisé), connu par une gravure de Louis-Marin Bonnet. La composition reprend le motif d'une jeune femme drapée, poitrine nue, appuyée sur une colonne tronquée et tenant un cœur dans sa main droite. Cette iconographie reprend les éléments principaux de celle codifiée par Cesare Ripa en 1603 dans son Iconologia. D'apparence simple et dépouillée, elle témoigne d'une volonté de naturel et de sincérité, la colonne symbolisant la force de ce sentiment.
En 1755, les 19 exemplaires produits sont offerts à la marquise, qui en dispose sans doute pour les offrir à ses proches. À son décès en 1764, il restait quatre exemplaires dans l'armoire d'une des chambres de son hôtel parisien.
En 1765, Falconet reprend le thème de l'Amitié, en hommage posthume à Madame de Pompadour, décédée l'année précédente (L'Amitié tenant son cœur à deux mains, Sèvres – Cité de la céramique, MNC 22433).