On rattache cette production de céramique aux grands centres urbains du monde iranien oriental, incluant à cette époque une partie de l’Asie centrale : il s’agit des villes aux noms évocateurs de Nishapur, Samarqand, Boukhara.
Elle se distingue par des fonds blancs ornés d’une calligraphie élégante énonçant en général un adage en arabe, suivi d’une formule de vœux ; ici « Al-tadbīr qabl al-‘amal yu’minuka min al-nadam. Al-yumn », qui peut être traduit par « Réfléchir avant d'agir te protège du remord. Prospérité ».
Ces maximes peuvent être tirées des dits de ‘Ali, cousin et gendre du Prophète de l’islam, ou plus rarement des hadiths, actes et paroles du Prophète rapportés oralement puis compilés dans des recueils par la suite. Il s’agit ici d’un dit de ‘Ali.
Les comparaisons probantes avec l’écriture de manuscrits du Coran laissent à penser que de véritables calligraphes concevaient ces décors épigraphiés. Ils témoignent en ces régions reculées de la diffusion de la langue et de la culture arabe auprès d’une certaine élite qui rassemblait probablement ce type de pièces au cours d’assemblées lettrées. On imagine qu’elles servaient de support à d’éloquentes conversations voire à des débats.
Le choix du fond blanc semble être guidé par cette constante volonté du monde islamique d’imiter l’apparence laiteuse des porcelaines chinoises, comme on peut déjà l’observer en Iraq, centre du pouvoir califal, dès le 9e siècle grâce à d’importantes innovations techniques, telle celle de la faïence.