Unique par sa taille et son décor, ce plat est le chef-d’œuvre de la collection chinoise du musée de Sèvres. Le rebord plat et lobé en accolade, probablement inspiré par des prototypes métalliques, est décoré de vagues laissées en réserve blanche sur un fond peint en bleu de cobalt.
Le décor foisonnant de pivoines, de chrysanthèmes et de lotus s’inspire des productions du monde musulman à qui les plats de ce type étaient probablement destinés. Ces plats de très grande taille correspondent à des habitudes culinaires et des modes alimentaires développés par les Mongols sous l’influence du monde islamique occidental, qui rassemblent les convives autour d’un plat unique.
Cette surcharge décorative totalement opposée au goût sobre et peu ornementé de la céramique de l’époque des Song (960-1279), témoigne non seulement du goût des nouveaux dirigeants mongols, mais encore des commandes du monde musulman.
L’art du bronze iranien et du tapis est sans doute à l’origine de ces dessins fouillés qui évoquent les entrelacs fleuris des textiles et les décors incrustés de la dinanderie (fabrication d’objets en cuivre et en laiton).
Si l’utilisation de l’oxyde de cobalt dans la céramique est connue en Chine dès la deuxième moitié du 7e siècle et au 9e siècle comme pigment pictural, ce n’est qu’au 14e siècle que les potiers de Jingdezhen mettent au point une pâte de porcelaine blanche sur laquelle est appliqué un décor peint en bleu cobalt sous une couverte translucide.