De l’or pour une boisson rare et coûteuse
Cette théière créée en 1803 fut intégrée à un déjeuner en 1813 appelé «service à formes variées». Chaque élément de ce déjeuner avait une forme et un décor naturalistes évoquant l’origine géographique de chaque aliment : un pot à sucre en forme d’ananas (fruit des Antilles, « Isles à sucre » françaises), un pot à crème à tête de vache, une tasse à chocolat en forme de fleur Cobéa (plante importée en France au 18e siècle du Mexique tout comme le cacao depuis la conquête espagnole). Ici, le serpent rappelle l’Asie d’où provient le thé tout en structurant l'objet. Le motif s'enroulant autour du corps ovoïde sert également d'anse et de bec verseur.
Le choix iconographique de chacune des pièces du déjeuner et leur traitement précieux à l’or, parfois de manière abondante comme sur la tasse Cobéa, démontrent que le thé et le café restent jusqu'au milieu du 19e siècle des boissons rares et coûteuses, symboles d'un lointain exotique que seules les élites peuvent s'offrir.
Cette théière a été fabriquée jusqu’en 1833 en très peu d'exemplaires mais avec divers fonds colorés et vendus comme les autres parties de ce service de manière isolée. Seul un déjeuner complet fut livré en 1813 à la comtesse de Beauveau.