La Chine réinventée
Ce vase est tout à la fois un hommage à la Chine et une révolution technique. La forme dite « Bertin » est créée en 1850, inspirée directement d'une pièce chinoise. Le nom même, Bertin, est un clin d'oeil au contrôleur général des finances et secrétaire d’État, Henri-Léonard Bertin (1720-1792), ayant un grand intérêt pour les savoir-faire chinois dans des domaines divers tels que l’agriculture, le commerce, la production de soie ou de porcelaine. Le décor tire également ses sources des techniques ornementales chinoises.
Outre le fond céladon, le décor en pâte-sur-pâte témoigne de l'observation et de la maîtrise de ces techniques extrême-orientales. Le « pâte-sur-pâte » consiste à ajouter de la barbotine (pâte liquide) blanche ou teintée sur la surface colorée. Mise au point à Sèvres à la fin des années 1840, elle permet des jeux de reliefs et de transparence très subtils. Léopold-Jules-Joseph Gély (1820-1893) et Marc Louis Solon (1835-1913) en furent les plus habiles « sculpteurs ».
Leur travail fut unanimement salué aux Expositions universelles de 1855, 1862, 1867 où des exemplaires de vases Bertin furent présentés. Cette forme est également l'une des premières à être réalisées par le nouveau procédé du coulage appliqué aux vases évitant ainsi les déformations et procurant des lignes nettes.