La maîtrise des céramistes arabes de l'Espagne médiévale réinterprétée par un céramiste français
Lorsqu'Alexandre Delaborde publie entre 1806 et 1812 son Voyage pittoresque et historique de l'Espagne, la représentation de deux grands vases en faïence hispano-mauresques exposés au palais de l'Alhambra, à Grenade en Espagne, marque de nombreux esprits.
Découvrant la maîtrise des céramistes arabes de l'Espagne médiévale, Alexandre Brongniart observe les qualités esthétiques du lustre métallique du « vase aux gazelles ». En 1837, il envoie Adrien Dauzats effectuer sur place un relevé précis dont le dessin est conservé dans les collections d'arts graphiques. Il fera réaliser une version du célèbre vase en porcelaine par Ferdinand Régnier, achevée en 1842, puis une seconde par Léon Feuchère, plus petite mais aux inscriptions moins fantaisistes.
Fier de cette œuvre, il la fait reproduire dès 1845 dans le catalogue du musée, servant à son tour d'inspiration aux céramistes de la seconde moitié du 19e. Théodore Deck, céramiste connu pour la qualité de ses recherches dans les techniques des émaux des faïences, présente sa version en 1862 lors de l'Exposition universelle de Londres. Cet exemplaire est aujourd'hui conservé au Victoria and Albert Museum. Celui des collections du Musée national de la céramique est une édition datée de 1890 qui reprend les motifs de gazelles et d'inscriptions hispano-mauresques sur un fond bleu à la manière des céramiques d'Iznik.