La touche singulière de Françoise Pétrovitch se déploie avec une grande liberté et une grande maîtrise. Ses personnages, au regard parfois distant ou même caché semblent tenir le monde à distance. Ces figures insaisissables, souvent enfantines ou adolescentes, permettent à Françoise Pétrovitch d’aborder des thématiques qui lui sont chères : la transformation des êtres, les incertitudes, les espaces d’entre-deux.
En septembre 2023, la Galerie de Sèvres présente un ensemble inédit de 11 vases peints par
l’artiste, figure majeure de la scène artistique contemporaine. Cette nouvelle collaboration,
fruit d’une résidence dans les ateliers en 2022, est l’occasion pour elle de s’approprier
des formes de vases emblématiques de la Manufacture sur lesquelles les personnages émanant
de son univers onirique prennent vie en rouge et bleu sur fond blanc.
Artiste aux pratiques multiples — gravure, peinture, sculpture, céramique, verre, vidéo, livres... Françoise Pétrovitch joue pour cette série entre les formats, du majestueux avec le grand Charpin (120 cm), au délicat avec le vase Mayodon, de taille plus contenue (30 cm). Assistée par les artisans d’art de la Manufacture, elle a su s’emparer avec virtuosité des techniques de peinture sur céramique. Celle-ci doit être appliquée directement sur la surface poreuse et toute en courbes des vases, sans possibilité de repentir. Françoise Pétrovitch peint d’un geste assuré ses motifs et figures récurrentes — mains seules ou cachant les visages, association de l’humain et l’animal — dans une palette de couleurs simple et forte. Ces couleurs, dites de « grand feu », cuisant à haute température, prennent leur teinte définitive après cuisson. Aussi l’artiste peint presque à l’aveugle avec, pour seules références, les essais préalables : une contrainte qui est aussi source d’émerveillement.
"J’ai laissé visible la forme des vases afin que l’importance du blanc intact de la porcelaine évoque le blanc de la feuille de papier. Les figures adviennent de cet espace avec un geste direct sans reprise. Je
voulais une similitude avec mes dessins à l’encre. La précision du trait émaillé et les transparences de
l’émail révèlent la profondeur des motifs."
- Françoise Pétrovitch
