Un nouveau style de chinoiserie apparaît à Sèvres durant les années 1770. Ces créations se distinguent des précédentes par un usage prodigieux de la dorure.
La formule des décors à l'or sur fond uni noir vise à imiter les laques d'Extrême-Orient et rencontre une grande faveur à la Manufacture. Ce type de scènes s'inspire avec liberté des gravures publiées d'après des dessins de Jean-Baptiste Pillement (1728-1800), notamment des Cahiers de balançoires.
L'introduction de la porcelaine dure à cette époque permet l'application du précieux métal sur de larges zones : le sol sur lequel sont posés les personnages est entièrement peint d'or de différentes couleurs, les éléments architecturaux, les vêtements et les motifs de tissu sont détaillés grâce aux contrastes de zones brillantes et mates, réalisés par l'atelier de brunissage.
En 1771, la Manufacture dispose d’ors colorés : or couleur d’acier (or, manganèse et argent), or rouge (or et cuivre) et or vert (or et argent). Puisque l’argent et l’or vert avaient tendance à s’oxyder, on introduit, vers 1790, le platine. Le fond noir de grand feu mis au point vers 1778, mélange très délicat d’oxyde de fer, cuivre, cobalt et manganèse, est appliqué à l’atelier de pose de fonds en quatre couches et deux cuissons à haute température. Le décor en ors colorés est peint à la main et cuit à 840° C.