Au retour de la campagne que mena Bonaparte en Egypte, la Manufacture de Sèvres, sous l’administration d’Alexandre Brongniart, édite un service Egyptien, de formes et décors totalement nouveaux, comprenant 72 assiettes et diverses pièces de forme.
Les décors de ce service sont créés d’après l’ouvrage de Dominique-Vivant Denon Voyage dans la Basse et dans la Haute Egypte…, illustré de gravures des croquis qu’il prit pendant la campagne d’Egypte. Il fut créé en deux exemplaires à la demande de Napoléon 1er entre 1808 et 1812 ; l’un pour le Tsar Alexandre 1er de Russie, l’autre promis à Joséphine, mais finalement donné par Louis XVIII au duc de Wellington en 1818.
Ce sucrier, véritable exploit technique, fait l’objet de nombreuses recherches et études tant sa fabrication est complexe : un vase est coulé à l’atelier du petit coulage, puis découpé afin d’obtenir cette forme élancée de sucrier. La tête et le socle sont coulés à part et assemblés par collage à la barbotine. Un système complexe de support de cuisson est mis en place pour permettre à la tête de ne pas s’affaisser pendant la cuisson.
Après avoir reçu un émail incolore, il reçoit à l’atelier de pose de fond, sa couverte colorée bleu de cobalt appliquée en trois couches successives. Le décor de hiéroglyphes est ensuite réalisé par l’atelier d’offset et retouché pour affiner les détails. L’or 24 carats est posé par l’atelier de filage-dorure, puis bruni, c’est à dire poli à l’aide d’une pierre d’agate. La tête subit un brunissage à effet (brillant et semi-mat), c'est à dire une alternance de traitement de l'or, du brillant au semi-mat, afin d’accentuer les traits du visage.