En 2021, Annette Messager est invitée à peindre dans les ateliers de la Manufacture une série de vases de notre répertoire classique et contemporain.
C’est étrangère à la peinture et à la porcelaine qu’Annette Messager entreprend ce qu’elle considérera comme une aventure vers l’inconnu. Le vase monumental dit Grand Charpin montre un tête-à-tête entre deux squelettes dont la mort a fait disparaître les différences, interprétation de la géographie amoureuse du corps énoncé par Roland Barthes dans « Fragments d’un discours amoureux », ou des plans serrés sur des baisers de cinéma par Alfred Hitchcock. D’un bleu profond aux nuances éclatantes, ce ne sont pas des « corps souffrants » nous dit-elle, mais symbolisant plutôt, dans un romantisme noir, cette réconciliation entre réel et surréel : « Pour moi, il n’y a rien de plus surréaliste que la vie, avec, partout, ses histoires et ses secrets. Le surnaturel, c’est nous. On est vivant avec toutes nos faiblesses et notre humanité ».