A l'Exposition universelle de 1900, la Manufacture de Sèvres fait sensation en présentant un surtout de table en biscuit composé de quinze statuettes de jeunes femmes dansant et jouant de leurs voiles.
Leur robe fluide, à la taille haute et aux manches évasées, rappelle celle de la danseuse américaine Loïe Fuller qui inventa, en 1891, la « danse serpentine », spectacle chorégraphique jouant avec des projections lumineuses sur son costume en voile dont elle maniait rapidement les pans.
La prouesse technique de ces drapés plissés, fins, voire translucides, est rendue possible grâce à la mise au point d'une nouvelle porcelaine dure, d'une exceptionnelle résistance.
Depuis la nomination d'Alexandre Sandier en 1896 au poste de directeur artistique, la Manufacture cherche à renouveler ses productions. Sandier ayant repéré au Salon de la Société nationale des Beaux-arts de 1897 "Dix maquettes représentant le jeu des écharpes", des reliefs en terre cuite qui préfigurent la décoration d'un "foyer de danse", il prend contact avec l'artiste : Agathon Léonard. On demande à ce dernier de modifier ses figures pour les adapter à un surtout de table. Il s'agit là d'une véritable rupture avec la tradition des surtouts héritée du XVIIIe siècle. Ce choix introduit une esthétique nouvelle, toute en fluidité et en arabesques. Aujourd'hui, ce surtout du Jeu de l'écharpe est considéré comme emblématique de l'Art Nouveau.
Ce surtout fut offert en cadeau diplomatique au Tsar et à l’impératrice de Russie en octobre 1901. Des surtouts complets sont conservés à l’ambassade de France à Prague, au Victoria & Albert Museum de Londres ainsi qu'au musée national de la céramique de Sèvres.